Manœuvres militaires russes en Orient, Poutine prend-il ses rêves pour des réalités ?
Entre deux chasses à l’ours en hélicoptère et une plongée en bathyscaphe, Vladimir Poutine a une obsession : restaurer la grandeur de la Russie. Et en bon ancien agent du KGB (dont il continue d’utiliser les méthodes) il sait que le rapport de force est indispensable. C’est pourquoi les Etats comme la Chine, le Japon ou la Corée du Sud se sont crispés le 12 juillet alors que la Russie menait des manœuvres militaires de grande envergure dans la région.
160 000 soldats, 5000 chars et véhicules blindés ainsi que 160 avions et hélicoptères et 70 navires sont mobilisés dans cette opération. Les manœuvres se termineront le 20 juillet au grand soulagement des pays voisins. Depuis son arrivée au pouvoir, le redressement de la puissance russe est un objectif essentiel pour Poutine. L’économie en 2007 atteignait enfin le niveau qu’elle avait en 1991 mais l’armée nécessite plus de temps et de moyens à être modernisée. Cette modernisation a commencé en 2011 et la Russie devrait en tout avoir investi 468 milliards d’euros d’ici 2020. Le but : une armée de métier avec des effectifs beaucoup plus réduits et bien mieux équipés.
Car c’est face à la Chine, aux Etats-Unis et au Japon que se place la Russie dans la région. La montée en puissance de l’armée de la République Populaire inquiète le russes même si elle se fait grâce à du matériel de l’ancienne armée rouge, comme le dernier porte-avions chinois. La Chine a toujours besoin de ressources pour nourrir sa croissance et pourrait lorgner sur les territoires orientaux de la Russie pour s’approvisionner en énergie, métaux et terres rares. Les relations se sont améliorées entre la Russie et la Chine mais les deux puissances n’ont pas oublié qu’elles se sont combattues il y a 54 ans.
Les tensions avec le Japon s’expliquent par la dispute territoriale qui englobe les îles Kouriles, les deux nations se disputant cet archipel au Nord du Japon. La destruction totale de la flotte russe dans la région durant la guerre de 1904-1905 fait partie des griefs qui existent entre les deux nations, tout comme la demande répétée de Staline d’exécuter l’empereur du Japon en 1945 juste après la victoire. Enfin, le redéploiment de la puissance américaine dans le Pacifique n’est pas passée inaperçue et les russes veulent faire passer le message qu’il faudra compter sur eux à l’avenir.
Les récents regains de tension dans les environs des îles Senkaku (ou Diaoyu) encouragent aussi les russes à se montrer ferme afin de pouvoir se placer comme arbitre dans la négociation. Mais l’armée russe est loin d’être modernisée et l’horizon 2020 peut sembler optimiste pour la voir « récupérer » sa puissance du temps de l’ère soviétique. Et surtout : Poutine sera-t-il toujours président lorsque l’armée sera opérationnelle ?